QUELLES SONT LES DIFFERENTES TECHNIQUES
DE LUTTE CONTRE LES RONGEURS ?
Deux types de lutte bien distincts : la lutte préventive et la lutte curative. Pour chacune de ces luttes, les techniques et méthodes d’intervention doivent être parfaitement maîtrisées.
I – La lutte préventive :
Cette lutte est considérée, par tous les techniciens de dératisation, comme la plus complexe à réaliser. En effet, la principale difficulté est qu’aucun rongeur n’est présent sur le site à traiter. Il est donc indispensable de respecter trois aspects primordiaux :
– se préoccuper des rongeurs, même si on ne relève aucune trace de nuisance,
– rendre inhospitaliers les lieux,
– mettre en place un nombre de postes d’appâtage minimum (qui seront en particulier les témoins de présence de rongeurs).
II – La lutte curative :
Elle fait souvent l’objet d’une demande d’intervention auprès d’un service de dératisation.Contrairement à la lutte préventive, celle-ci est « facilitée » par les indicateurs de présence des rongeurs telles que câbles électriques rongés, aliments souillés et/ou consommés, ou encore traces de pas dans la terre, la poussière,… Autant d’éléments à ne pas négliger. Trois types de lutte sont dénombrées :
· la lutte chimique,
· la lutte physique,
· et la lutte biologique.
· La lutte chimique est de loin la plus répandue et la plus efficace. Il existe cependant deux luttes chimiques distinctes : par mort lente et par mort instantanée.
La lutte par mort lente, à partir d’ingestions d’appâts anticoagulants répétées, est recommandée. En effet, la mort intervient dans un délai de deux à quatre jours après consommation d’appâts. Ceci évite au rongeur, animal méfiant et avisé, de faire la relation entre les appâts et les éventuels cadavres. Ces anticoagulants (SANITOX, BROFAR, SANIFAR, BROMAFAR, …) bloquent le phénomène de coagulation sanguine en inhibant la vitamine K. Le seul antidote est alors une administration rapide de vitamine K1.
Les principales matières actives utilisées par les techniciens de dératisation sont le difénacoum, la bromadiolone, la chlorophacinone, le brodifacoum, …
Avantages : Aucune méfiance de la part des rongeurs. Dératisation efficace.
Inconvénients : Dangereux pour les autres animaux présents sur le site dératisé (délai de réaction court lors d’ingestion inopinée)
La mort instantanée est obtenue par une ingestion unique d’appâts foudroyants, principalement à base de glucorocal qui atteint le système nerveux, ou de scilliroside qui atteint le système cardiaque.
Avantages : Mort visible, cadavre généralement à proximité de l’appât
Inconvénients : Méfiance des autres rongeurs
La lutte chimique s’effectue soit en intervention ponctuelle, ou en intervention contractuelle (plusieurs passages annuels).
· La lutte physique ne peut être qu’un complément de la lutte chimique. Le piégeage des rongeurs tels que rats et souris s’effectue à l’aide de tapettes, pièges divers, colle glu,… Quant aux appareils à ultrasons, ils ont une action perturbatrice les premiers jours, mais sont inefficaces dans la durée. En s’accoutumant au bruit, les rongeurs finissent par se préserver de cette nuisance sonore en se cachant mieux.
· Quant à la lutte biologique (chats, chiens, buses, …), elle reste anecdotique. De plus, elle ne constitue pas un moyen efficace que l’on peut conseiller en tant que lutte.
III – Les techniques et méthodes d’intervention :
Une intervention peut se décomposer en neuf grandes étapes :
– Repérer toute trace de rongeurs sur le site.
Se munir d’une lampe électrique et explorer systématiquement l’extérieur des bâtiments (fossés, talus, dépôts d’ordures et de gravas, mares, ruisseaux, alentours de bâtiments agricoles, locaux commerciaux,…) en adoptant un sens de parcours qui sera toujours le même, afin de pouvoir contrôler tous les différents postes d’appâtage lors des passages suivants.
Explorer avec la même rigueur l’intérieur des locaux.
– Identifier les espèces.
Cette étape est primordiale. Elle permet au technicien de choisir les produits appropriés.
– Choix des appâts (matières actives et supports).
Le choix des appâts, qui est fonction de l’identification réalisée précédemment, est capital, et le résultat de la dératisation en dépend.
Il est nécessaire de proposer aux rongeurs un rodonticide dont le support (avoine, blé, maïs,…) sera le plus proche possible de leur aliment consommé quotidiennement. Dans les lieux humides, en Industrie Agro-alimentaire, dans tous les lieux de fabrication ou stockage de denrées alimentaires humaines : on aura recours aux blocs hydrofuges (exigences du client).
– Mise en place des appâts.
Eviter tout d’abord de toucher les appâts avec les mains (utiliser une pelette, des récipients propres et des gants) car les rongeurs ont un odorat très développé. Ils se méfieront d’autant plus s’ils détectent la moindre odeur humaine.
Disposer les appâts aux endroits où les rongeurs se sentent à l’abri des regards et des attaques de leurs ennemis (hommes, chats).
Disposer les postes de raticides-souricides, en nombre plus ou moins important, dans les coins de chaque pièce, de la cave jusqu’au grenier et dans tous les locaux de stockage.
Dans le cas de souris, mettre des postes plus petits et beaucoup plus nombreux sur leurs passages (présence de traces et d’excréments).
Dans le cas de rat noir, mettre les appâts en hauteur, sur les poutres, les faîtes des murs,…
Les blocs hydrofuges peuvent être fixés à l’aide de pointes ou de vis.
Exemples de poste d’appâtage :
· bouteilles d’eau en plastique sans le goulot,
· tuyaux PVC,
· intérieur de parpaings et briques
· Boites d’appâts spécifiques (produits de la gamme « groupement d’achat ») :
§ Boite appât en plastique
(exemples de références : S/7, S/8, S/43, S/ 201, S/288)
§ Boite appât en carton (exemple de référence : S/175)
§ Postes de sécurité (exemple de référence : S/279, S/280)
Tous ces postes doivent être bien dissimulés car les rongeurs sont curieux, craintifs, et cherchent toujours à s’isoler
Attention, l’image professionnelle du technicien passe bien entendu par la méthode d’intervention, mais aussi par la qualité des postes utilisés.
– Protection des postes d’appâtage.
Protéger les postes, notamment des intempéries pour les postes extérieurs et des poussières pour les postes intérieurs, par des tuiles renversées, des tuyaux PVC, ou encore des plaques.
– Contrôle des appâts.
Le contrôle, réalisé dans les vingt jours suivants la mise en place, consistera à refaire le même trajet sans oublier le moindre poste. Tous les appâts consommés seront renouvelés même cas de consommation partielle.
Ces postes seront contrôlés régulièrement, tous les deux ou trois mois. La fréquence est variable selon le site.
– Renouveler les produits.
Lors de ces contrôles, les produits seront renouvelés afin de conserver un appât frais et appétant. Ce contrôle permettra d’estimer la présence éventuelle des rongeurs, et le cas échéant, de poursuivre la lutte préventive après la phase d’éradication des rongeurs.
IV – Les conseils pour rendre inhospitaliers les lieux :
Une lutte ne sera efficace que si les lieux sont propres (absence d’aliments et de semences en abondance,…) et dépourvus d’endroits propices à la présence de nuisibles (tas de bois, dépôts d’ordures, de pierres, …). Ne pas hésiter à conseiller le propriétaire des locaux de ne pas stocker toutes sortes de matériels, matériaux,…
Il est impératif d’empêcher les rongeurs d’approcher et d’entrer dans les bâtiments. Pour cela, éviter tout point de pénétration, boucher tous les trous, mettre en place des joints brosses au bas des portes, les grilles d’égout,…. Les points à maîtriser en priorité sont les jointures, les égouts, les grilles d’aération, les grillages,…
Eviter tout stockage au contact direct des murs ou parois : laisser un espace libre de 50 cm pour éviter le refuge aux rongeurs et faciliter l’accès et la pose des appâts.
Eviter également les surfaces gazonnées, les parterres de fleurs aux abords des bâtiments. Préférer des surfaces bitumées, bétonnées ou gravillonnées sur une distance d’au moins 2 mètres : les rongeurs ont horreur de circuler à l’air libre.
Avant tout, la protection contre des déprédateurs est un problème d’hygiène.
Lors d’une dératisation, le nettoyage est une règle primordiale à appliquer.
Toute méthode de lutte quelle qu’elle soit ne sera qu’un complément de cette obligation.
|